TEMPS II Présentation

TEMPS II

Présentation de la 2^ème période

           Dans la première partie de son œuvre, Ficot avait entamé une expérience de l’intime, une mise à nu, un dévoilement des chairs,  un étalement des pulsions dans l’espace.

           Dans ses premiers exercices d’ondulation corporelle, il  s’était essayé à voler, à s’élancer au-delà  du visible, mais il avait échoué.

           Aujourd’hui il renaît de ses cendres pour accomplir un nouveau  tour de piste. Il s’engage dans la quête de soi, mais avec des recettes flambant neuves ; Il reformule son espace intérieur, il crée son propre récit. Il s’érige en figure mythique mytho pour que son espace se confonde avec l’univers.

            Ficot a  fait du spectateur le prisonnier de son intimité, embarqué de force avec lui dans un corps à corps indécent. Il faut qu’un regard extérieur acquiesce et valide l’ascension ficotienne. Que se passera-t-il vraiment ?

                                                   " Gros Kèr" 

                   Cœur  de poudre et de chiffon, cœur sec, allongé,  sein vidé trop sucé par l’enfant.

       Tu es le vestige des couilles explosées de l’artiste. Ficot a perdu sa virilité.  Le sentiment baveux a remplacé l’érection. Il en est fier. Il veut parcourir le monde avec toi, Gro kèr. Il te porte comme un culot.

       Gro Kèr bouge et s’exhibe aux yeux des passants. Gro Kèr se frotte  sur les murs.

       Gro Kèr joue au ballon.  Gro Kèr s’en va et revient et s’impose à la conscience. Péché mortel. Il est le Moi idéal de Ficot qui  duplique son image sur les façades.

       Gro kèr, tu veux signifier l’épaisseur de ton être à un public que tu espères navrant. Les gens sont trop à l’étroit.

        Ils ont  l’impression d’entraver ta course. Tu triomphes. Tu te sens exister plus qu’eux. Tu as laissé tes boyaux de laine s’exprimer par terre, plein d’acariens qui ralentissent la vie ; et tu te penses renégat, pur vecteur du sentiment.

        Gro Kèr, tu te trompes autant que tu nous trompes.

L’espace est trop court pour toi. Il dévore l’oxygène. Tes ficelles s’oxydent.

        Gro Kèr, tu ne sais que faire du mouvement. Il ne te sert à rien. Tu t’agites pour rien.

"Robes",  le mythe de la robe

                Prométhée  écrit  son mythe. Il excède les altitudes divines et s’engage dans une nouvelle Création.

                 Dieu est le témoin forcé de son épopée. Vous spectateur, vous l’êtes aussi, mais vous n’en savez rien. Car il est malin l’artiste ficotin. Il a composé des décors de bonne femme sur  papier libre, pour tromper son monde. Arabesques et fioritures de nanas, le tout emballé dans un paquet fleur bleue. C’est joli.  I l a l’air gentil le bougre. Mais savez-vous seulement ce qu’il trafique?

                  Il a laissé  Dieu relâcher ses sphincters.  Il en est tombé des croûtes de terre ;  la terre glaise dans laquelle fut créé Adam. Vous à genoux, vous ignorez tout.

                  Vous retournez les petits gâteaux de maman pour y lire des mots magiques. Et derrière vous,  le ficotin gesticule. Il accomplit sa danse du vestiaire. Il tourne autour de l’axe du monde comme pour saouler le temps. Peut-être son manège aboutira-t-il à un saut cosmique. Peut-être pas.

                   La démesure le guette et le châtiment ne saurait tarder. Il est déjà malade. Il se fait dévorer la queue et dissimule sa castration sous des jupons de plâtre. Il vomit chaque jour des morceaux de seins, qui s’éparpillent dans l’Océan.

                    Partout, le chiffre 7 s’étale. 7 couleurs, 7 océans.  Y aurait-il un code pour accéder à un autre niveau ?

 Aude-Emmanuelle Hoareau